En tant que copropriétaire, vous savez probablement à quel point il peut être difficile de prendre des décisions lorsqu’il s’agit de travaux dans votre immeuble. La rénovation énergétique en est un parfait exemple. Bien que bénéfique à long terme pour réduire les charges de copropriété et améliorer votre confort, ce type de projet nécessite une planification minutieuse et l’approbation de la majorité des copropriétaires. Dans cet article détaillé, je vais vous guider à travers toutes les étapes à suivre pour préparer au mieux la rénovation énergétique de votre copropriété.
Table des matières
Comprendre l’importance de la rénovation énergétique
Avant de se lancer dans un tel projet, il est crucial de bien comprendre les avantages de la rénovation énergétique pour votre copropriété. En effet, cela vous aidera à convaincre les autres copropriétaires de l’importance et de la nécessité de ces travaux.
Tout d’abord, une copropriété non rénovée est une véritable passoire énergétique. Les déperditions de chaleur sont importantes, que ce soit à travers les murs, les fenêtres ou la toiture. Cela se traduit par des factures de chauffage élevées pour chaque copropriétaire. En rénovant l’enveloppe du bâtiment et en améliorant l’isolation, vous pouvez réduire ces pertes énergétiques de manière significative, faisant ainsi baisser les coûts de chauffage.
Ensuite, la rénovation énergétique permet d’augmenter la valeur patrimoniale de votre bien immobilier. Un bâtiment récemment rénové, avec une bonne performance énergétique, sera beaucoup plus attrayant sur le marché immobilier. Cela facilitera la revente des appartements à un meilleur prix. De plus, si vous envisagez de louer votre bien, un logement économe en énergie sera plus facilement louable.
Enfin, ne négligeons pas l’aspect environnemental. En réduisant les besoins en chauffage de votre immeuble, vous contribuez à diminuer les émissions de gaz à effet de serre. C’est un geste concret en faveur de la lutte contre le réchauffement climatique, tout en réalisant des économies financières.
Les diagnostics énergétiques obligatoires
Avant de pouvoir entamer des travaux de rénovation énergétique, il est nécessaire de réaliser certains diagnostics obligatoires. Ceux-ci permettront d’évaluer les performances actuelles de votre copropriété et d’identifier les travaux prioritaires à effectuer.
Le Diagnostic de Performance Énergétique (DPE)
Le DPE est un diagnostic incontournable lorsque vous souhaitez rénover énergétiquement votre copropriété. Il évalue la consommation énergétique du bâtiment ainsi que ses émissions de gaz à effet de serre. Le DPE attribue une note allant de A (bâtiment économe) à G (bâtiment énergivore).
Depuis la loi Climat de 2021, le DPE est obligatoire pour toutes les copropriétés, peu importe leur taille ou leur date de construction. Le calendrier d’application de cette obligation est étalé sur plusieurs années :
Année | Copropriétés concernées |
---|---|
2024 | Copropriétés de plus de 200 lots |
2025 | Copropriétés de plus de 50 lots |
2026 | Toutes les copropriétés |
Le DPE doit être renouvelé tous les 10 ans, sauf si le bâtiment obtient une note A, B ou C à l’issue de la rénovation.
L’audit énergétique
Pour les copropriétés de plus de 50 lots dont le permis de construire a été déposé avant le 1er juin 2001, un audit énergétique est obligatoire. Cet audit est plus complet que le DPE. Il dresse un bilan détaillé des consommations d’énergie du bâtiment et propose un plan d’action chiffré pour améliorer les performances énergétiques.
L’audit énergétique contient les éléments suivants :
- Une description technique complète du bâtiment (matériaux, équipements, etc.)
- Une analyse des consommations énergétiques actuelles
- Un ensemble de préconisations de travaux, avec une estimation des coûts et des économies d’énergie potentielles
- Un Diagnostic de Performance Énergétique
Le Diagnostic Technique Global (DTG)
Le DTG est un diagnostic obligatoire pour les copropriétés de plus de 10 ans. Il établit la liste de tous les travaux nécessaires à la conservation du bâtiment, y compris ceux liés à la performance énergétique. Le DTG comprend également :
- Une estimation du coût des travaux à prévoir dans les 10 prochaines années
- Une note sur l’état général de l’immeuble
- Des préconisations sur l’entretien des équipements
Souvent, le DTG est complété par le DPE ou l’audit énergétique pour avoir une vision complète des besoins en rénovation énergétique.
Définir un plan d’action pour la rénovation
Une fois les diagnostics réalisés, vous disposerez de toutes les informations nécessaires pour définir un plan d’action adapté aux besoins de votre copropriété. Cette étape est cruciale, car elle permettra d’identifier les travaux prioritaires et de chiffrer leur coût.
Hiérarchiser les travaux
Sur la base des résultats des diagnostics, vous devrez classer les différents travaux par ordre de priorité. Certains critères peuvent vous aider à déterminer cet ordre :
- L’urgence des travaux : certaines rénovations peuvent être plus urgentes que d’autres, comme le remplacement d’une chaudière en fin de vie.
- Les économies d’énergie potentielles : priorisez les travaux qui permettront de réaliser les plus grandes économies sur vos factures.
- Le coût des travaux : vous pouvez commencer par les travaux les moins onéreux si votre budget est limité.
- L’interaction entre les travaux : certains travaux doivent être réalisés dans un ordre logique (par exemple, isoler avant de changer le système de chauffage).
En général, les experts recommandent de commencer par les travaux d’isolation (murs, toiture, fenêtres), puis de s’attaquer au système de chauffage et de ventilation. Mais chaque copropriété est un cas particulier, et votre hiérarchisation des travaux dépendra de vos besoins spécifiques.
Chiffrer le coût des travaux
Une fois les travaux identifiés et hiérarchisés, vous devrez estimer leur coût. Pour cela, vous pouvez vous baser sur les estimations fournies dans l’audit énergétique ou le DTG. N’hésitez pas non plus à demander des devis à plusieurs entreprises spécialisées.
Prenez en compte tous les coûts liés aux travaux, y compris les frais d’études, de maîtrise d’œuvre, de contrôle et de réception des travaux. N’oubliez pas non plus d’inclure une provision pour les imprévus, car il est fréquent que des travaux supplémentaires soient nécessaires en cours de chantier.
Envisager une rénovation globale
Pour une rénovation énergétique optimale, il est recommandé d’opter pour une rénovation globale. Cela signifie que vous réaliserez un ensemble cohérent de travaux visant à améliorer de manière significative la performance énergétique de votre bâtiment.
Les avantages d’une rénovation globale sont multiples :
- Un gain énergétique plus important que si vous réalisiez des travaux ponctuels
- La possibilité de bénéficier d’aides financières supplémentaires (primes, subventions, etc.)
- Une meilleure valorisation de votre bien immobilier
- Un chantier mieux organisé et plus efficace
En revanche, une rénovation globale est généralement plus coûteuse qu’une série de petits travaux. Mais à long terme, les économies d’énergie réalisées compenseront largement cet investissement initial.
Les aides financières à la rénovation énergétique
Que vous optiez pour une rénovation globale ou des travaux ponctuels, vous pourrez bénéficier de diverses aides financières pour alléger la facture. Ces aides proviennent de l’État, des collectivités locales ou des fournisseurs d’énergie.
MaPrimeRénov’ Copropriété
MaPrimeRénov’ Copropriété est l’aide phare de l’Agence Nationale de l’Habitat (Anah) pour encourager la rénovation énergétique des copropriétés. Cette prime s’adresse aux copropriétés de plus de 15 ans qui réalisent des travaux permettant un gain énergétique d’au moins 35%.
Depuis 2023, le montant de la prime a été revalorisé :
- Pour une rénovation globale, la prime peut atteindre 75% du coût des travaux, dans la limite de 25 000 € par logement.
- Un bonus « sortie de passoire » de 10% du coût des travaux est accordé si l’immeuble passe des classes F ou G à la classe D ou mieux.
- Les copropriétaires aux revenus modestes (ménages « jaunes » et « bleus ») peuvent bénéficier d’une prime complémentaire de 1 500 € ou 3 000 € par logement.
Pour bénéficier de MaPrimeRénov’ Copropriété, il est généralement nécessaire de faire appel à des artisans qualifiés « RGE » (Reconnus Garants de l’Environnement).
Les certificats d’économies d’énergie (CEE)
Les CEE sont des aides financières versées directement par les fournisseurs d’énergie (électricité, gaz, fioul, etc.). Elles sont destinées à encourager les ménages à réaliser des travaux d’économies d’énergie.
Pour une copropriété, les CEE peuvent prendre la forme :
- D’un « Coup de Pouce » pour la rénovation globale d’un bâtiment résidentiel collectif
- De primes individuelles pour des travaux spécifiques (isolation, chauffage, etc.)
Le montant de l’aide dépend du type de travaux réalisés et de leur performance énergétique. Les CEE sont cumulables avec d’autres aides comme MaPrimeRénov’.
L’éco-prêt à taux zéro (éco-PTZ)
L’éco-PTZ est un prêt sans intérêt que peut souscrire le syndicat de copropriétaires pour financer des travaux de rénovation énergétique. Son montant maximum est de 30 000 € par logement, remboursable sur 15 ans maximum.
Pour être éligible à l’éco-PTZ, la copropriété doit réaliser au moins deux actions de travaux « bouquets » parmi :
- L’isolation performante des murs, toiture ou plancher
- Le remplacement des systèmes de chauffage ou de production d’eau chaude sanitaire
- L’installation d’équipements de chauffage utilisant une source d’énergie renouvelable
- L’installation d’équipements de production d’eau chaude sanitaire utilisant une source d’énergie renouvelable
Ou alors, les travaux doivent permettre d’atteindre une performance énergétique globale minimale, définie par un seuil de consommation conventionnelle d’énergie.
Les aides locales
En plus des aides nationales, n’oubliez pas de vous renseigner sur les dispositifs proposés par votre région, département ou commune. De nombreuses collectivités territoriales accordent des subventions, des primes ou des prêts bonifiés pour encourager la rénovation énergétique des logements.
Par exemple, la Région Île-de-France propose une aide appelée « Eco-Ravalement » pour financer les travaux d’isolation par l’extérieur des copropriétés. La Métropole Européenne de Lille accorde une prime pour l’installation de systèmes de ventilation double-flux dans les logements.